Comment est-ce que les étudiants et professionnels indigènes qui travaillent dans les domaines STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie, Mathématiques) perçoivent ces différentes disciplines ? Qu’est ce que les a inspiré à travailler dans les domaines STIM ? Comment leurs expériences uniques et leurs perspectives sont un atout ? En tant qu'organisation impliqué dans la diffusion des sciences dans les communautés indigènes, MissionCerveau Nord a interrogé des individus de communautés indigènes, à différents stades de leurs carrières en STIM. Aujourd’hui nous rencontrons Madeline Yaaka, une étudiante en première année du Baccalauréat en Sciences Biologiques à l’Université Queen’s, afin d’en apprendre plus sur la vie des étudiants Indigènes, leurs inspirations, et les défis rencontrés durant leurs parcours vers des carrières en STIM. Madeline Yaaka Peux-tu nous parler de toi et d'où tu viens ?
Mon nom est Madeline Yaaka. Je viens de finir ma première année à l’Université Queen’s à Kingston. J’étudie dans l’optique d’obtenir un Baccalauréat en Sciences Biologiques. Mon objectif est de postuler l’école de médecine. Je suis une Inuite de 18 ans de Kangiqsujuaq, Nunavik. Qu’est ce que les sciences signifient pour toi ? Les sciences signifient être curieux de la vie de tous les jours et essayer de comprendre comment le monde qui nous entoure fonctionne. Il y a des questions à l’échelle du microscopique et également à l’échelle macroscopique, de comprendre comment les mouches influencent leurs environnement à expliquer comment la vie sur Terre est apparue. Pour moi, les sciences signifient être ouverte aux nouvelles idées et partager le savoir avec les autres. Tu étudies en biologie. Étais-tu toujours intéressée par cette discipline ? Qu’est ce qui t’as fait choisir cette branche des STIM ? Eh bien, dès mon plus jeune âge, ma famille et moi allions camper et chasser, donc j’ai eu beaucoup d’occasions d’apprendre sur les plantes et les animaux. Après des chasses réussites, j’aidais mon père à découper notre prise pour la consommer par la suite. J’étais toujours intriguée par le fonctionnement des différents organes et je les examinais avec beaucoup d’attention, je posais beaucoup de questions. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai choisis de poursuivre un majeur en biologie, parce que j’apprécie l’opportunité d’avoir une compréhension approfondie de la relation entre les différentes espèces et leurs environnements. Y-a-t-il des personnes en STIM qui t’ont inspiré ? Il n’y a personne en particulier qui m’inspire dans les domaines STIM. Par contre, voir des étudiants indigènes progresser à travers des recherches et des expériences tout en incorporant des connaissances traditionnelles m’a vraiment encouragé à poursuivre une éducation scientifique. Y-avait-il des personnes, de l’extérieur des STIM, qui t’ont motivé durant ton enfance ? Oui, mes parents furent mes professeurs et ceux qui m’ont le plus inspirés durant mon enfance. Peux-tu partager avec nous des expériences qui tu as vécues avec tes parents et ce qu’elles t’ont appris ? Mon défunt père a été élevé dans un mode de vie Inuit traditionnelle, donc il était capable de partager avec moi ses connaissances sur la chasse, camper et l’importance de respecter l'environnement. Ma mère, qui n’est pas Inuite, m’a encouragé à poursuivre une éducation après les études collégiales. J’ai été en mesure d’aller en Ontario en habitant chez des membres de sa famille. Mon temps passé en Ontario m’a permis d’engranger des crédits dont j’avais besoin pour appliquer aux études postsecondaires. De quelle autre façon ton identité culturelle a eu un impact sur ton choix de carrière ? La culture Inuite a une relation profonde avec les sciences. Les connaissances qui sont encore partagées aujourd’hui ont été transmises de génération en génération. Les personnes Inuites sont parvenus à survivre dans l’un des environnement les plus hostiles de la planète, les rendant expert de leurs territoires. Grâce à une capacité d’adaptation et de l’ingéniosité, ils ont amélioré leurs méthodes de chasse et leurs moyens de transports au fil du temps. En grandissant, j’entendais des histoires de mes aînés à propos du changement climatique, ces histoires sont maintenant supportées par les sciences modernes. Je trouve cela fascinant, c’est pourquoi j’aime étudier les sciences, c’est ce qu’il y a de plus logique pour moi. Selon toi, quelles sont les difficultés d’étudier dans les domaines STIM ? Jusqu’à présent, la chose la plus dure que j’ai rencontré a été de maintenir le rythme de travail scolaire. Il y a de nombreux devoirs en plus des lectures et réussir à garder le rythme peut parfois être difficile. Comment arrives-tu à maintenir le rythme de travail ? J’ai un calendrier dans ma chambre qui m’aide à prévoir les échéances et les tests à venir. En utilisant ce calendrier, j’ai appris à mieux m’organiser et à mieux gérer mon temps. Quelle est l’un des aspects les plus amusant de l’étude des sciences ? Je pense qu’un des aspect les plus amusants à propos des études en sciences c’est de pouvoir comprendre comment les choses s’influencent constamment. Mon cours préféré le semestre dernier était Introduction aux Organismes, qui évoque comment les parasites interagissent avec leurs hôtes. J’ai appris à repenser comment les espèces dans l'environnement Arctique sont constamment en train d’influencer leurs cycles de vie entre elles, ainsi que la nôtre. As-tu eu à faire face à des défis en tant qu’étudiante en STIM ? Durant les premiers mois en vivant loin de ma communauté, j’ai ressenti le mal du pays. La nourriture traditionnelle et parler ma langue maternelle, le Inuktitut, me manquaient. Comment as-tu géré ton mal du pays ? Ce qui m’a beaucoup aidé a été de participer à un programme qui visait à rassembler et connecter les étudiants indigènes. J’ai assisté à quelques conférences où j’ai rencontré des personnes qui vivaient les mêmes expériences. Savoir que je n’étais pas la seule étudiante indigène à poursuivre des études postsecondaire était très réconfortant. En plus, ma mère m’a approvisionné en Ombre Chevalier (poisson d’Articque) et caribou, c’était sympa de pouvoir en manger de temps en temps. Quand parler ma langue maternelle me manquait, j’écoutais de la musique ou j’appelais une amie pour lui parler. Quel conseille donnerais-tu à toi-même lorsque tu étais adolescente pour surmonter les défis et réussir à mener une carrière en STIM ? Je me dirais de passer plus de temps avec mes amis et faire des activités pour se détendre. Trouver un équilibre entre les études et la vie personnelle est essentiel. J’ai passé beaucoup de temps à m’inquiéter pour des devoirs et des examens à cause d’un manque de confiance en mes capacités. J’avais la sensation de partir avec un retard parce que je venais d’une petite communauté isolée où le niveau d’éducation et les standards sont plus bas comparés au Sud. En revanche, grâce à de la détermination et beaucoup de travail, j’ai été capable de surmonter ces défis. Y-a-t-il des activités anti-stress que tu aimes entreprendre durant ton temps libre ? J’aime faire du sport comme du hockey, du volleyball et de l’escalade. Quand j’ai du temps libre, j’aime aussi coudre des vêtements traditionnels comme des parkas, des bottes en peau de phoques et des mitaines. J’essaye au moins d’avoir 2 heures en fin de journée chaque jour pour faire une de ces activités. Merci Madeline d’avoir participé à notre série d’entrevue “Personnes indigènes dans les STIM” et d’avoir partagé ton expérience avec nous. Nous avons appris beaucoup grâce à toi aujourd’hui et nous espérons que ton parcours sera une inspiration pour d’autres jeunes. Entretien par Dhruv Traduit par Théo
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